Le capitalisme, un danger pour lui-même ?
On le lit tous les jours, dans les journaux,
sur les blogs, on l’entend des collègues. Je parle des menaces pour le système
financier. Mais chaque jour, on entend et on lit la même chose. Encore et
encore. On parle des taux d’intérêts bas, de la profitabilité des banques, de
la sécurisation, etc. Moi j’ai envie de parler de quelque chose d’autre. J’ai
envie de donner un air frais au débat. Je veux principalement critiquer le
capitalisme ou disons le système capitaliste. Je veux évoquer le système
économique dans lequel nous vivons pour ensuite parler des vulnérabilités du
système (financier). Bien sûr, le terme est très abstrait. Et Dieu, qu’est-ce
que je déteste tous les mots qui se terminent par « isme », mais il est le seul
terme qui définit l’environnement dans lequel nous vivons et travaillons. Avant
de commencer cette critique, je voudrais préciser que ce n'est pas un appel à
prendre les armes pour en finir avec le capitalisme et de commencer le communisme.
D'ailleurs, qu'est-ce que cela voudrait dire ? Avec le capitalisme, je veux
dire d'une part la création de richesse par le consumérisme et la dette et
d'autre part l'autorité de l'Etat, l'autorité de la classe dirigeante sur le
peuple et sur les travailleurs. Je vais commencer cet article avec l'autorité
de l'Etat. La deuxième section parlera de la consommation. Après avoir expliqué
ces deux vulnérabilités, je vais essayer de faire quelques conclusions.
Le système
capitaliste
La première menace que je vois pour le
système financier est le système capitaliste avec l’autorité de l’état sur la
société. D’après Hegel, le système bureaucratique, composé de hauts
fonctionnaires veille sur les intérêts universels de la société. Mais voilà,
comme le dirait Marx, l’état est devenu un objet privé approprié par la classe
gouvernante. Ce n’est plus la société ou le social qui fait la politique mais
la politique fait de la politique pour la politique comme seul but. Le
renversement de ce modèle – disons que le capitalisme est un danger pour
lui-même – pourrait mettre en faillite bien des états et pourrait assécher les
banques. Dans ce paragraphe, je vais d’abord décrire ce qui est l’autorité de
l’état pour ensuite expliquer deux problèmes actuels de cet état. Ensuite,
j’explique que la prise de conscience du peuple peut mener à une révolution. En dernier lieu, j’explique quel effet une révolution pourrait avoir sur le système financier en Europe.
Depuis toujours l’homme cherche à justifier
ses actes. Bien longtemps avant la révolution nietzschéenne[1]
et bien avant l’idée surpassement de la métaphysique, l’homme justifiait ses
actes par la présence de Dieu. L’état était l’église et l’église était l’état. Les
lois venaient de Dieu. Maintenant que Dieu est mort il a fallu replacer ce Dieu
par quelque chose d’autre. Ce fut remplacé par le peuple. Le peuple ou disons
la société élit des députés qui forment un gouvernement et qui agissent au nom
du peuple, au nom de tous les individus qui font la société. L’état agit au nom
du peuple pour le bien commun. Il est un objet public et n’appartient à
personne. L’état est donc un outil qui doit servir à un but précis. Au départ,
les féodaux étaient aux commandes du bateau, au XXI siècle c’était la
bourgeoisie. Aujourd’hui, ce sont les gens de l’état – les politiques, les
hauts fonctionnaires - qui sont la classe gouvernante.
L’état exerce donc une autorité sur le peuple
et maintient l’ordre. Cette autorité est nécessaire pour maintenir l’ordre dans
la société qui est l’équivalant à un corps nécessitent d’une paix intérieure ou
d’une harmonie. On peut voir l’autorité de l’état comme une relation qu’un
enfant à avec ses parents. Ce dernier est au-dessus du premier, dicte les lois
et assure la justice. Pour assurer la justice, l’ordre et donc l’autorité est
nécessaire. Toute situation de désordre (manifestations, grèves, guerres
civiles) est le terreau de l’injustice. Autant Dieu état autoritaire sur le
peuple, autant l’état doit assurer son autorité pour faire fonctionner ce corps
social. Dans cette vision, l’état est un objet technique. Il sert à quelque
chose comme le médicament sert à soigner le corps.
Le premier problème avec cet état est qu’il y
a une déconnexion totale entre l’état et le civil, entre la politique et le
social. Les relations entre individus se passent au niveau l’état alors que le
réel se trouve dans la société avec les rapports sociaux, qui commencent quand
deux individus purement égoïstes se mettent ensemble pour échanger des choses.
Elles forment le social. Le besoin ou la nécessité naturelle est à l’origine de
l’acte et le travail est un instrument qui permet de réaliser ce but. Chaque
individu a une connaissance ou un bien qu’il aimerait échanger pour quelque
chose d’autre. D’après Adam Smith, les ambitions individuelles font le bien
commun[2].
Donc pour satisfaire ces besoins, des rapports sociaux se créent. D’après Karl
Marx ce sont ces rapports sociaux qui doivent transformer la politique. Il faut
déplacer la politique sur la scène du sociale ou en d’autres termes la société
doit se réapproprier la dimension collective. Dans cette société – qui est une
communauté - chaque individu aurait une liberté personnelle où il peut se
développer et bénéficier d’un épanouissement personnel.
Il y a non seulement un problème de rapports
sociaux mais il y aussi un problème de désintérêt pour les problèmes du corps
social, les maladies. La politique est déconnectée dans le sens où elle ne veut
pas voir et elle ne veut pas s’occuper des problèmes qui se passent dans la
société. Elle fait sorte de comprendre et de vouloir trouver des solutions mais
en réalité cela ne la préoccupe pas tant, tant qu’elle sache tenir le système
en place. Elle changera de discours comme le vent tourne.
L’état est aussi devenu un spiritualisme qui
aujourd’hui est l’Union Européenne. Disons que qu’elle est devenue une religion
et pour certains c’est même un déterminisme historique. Des petits états se
mettent ensemble pour créer un super état ou une super nation. L’Histoire doit
suivre son cours disent-ils. Les politiques font des lois pour favoriser le
climat de création d’une Europe unie, font donc des lois pour des lois et
oublient le bien commun. Ils ne tiennent plus compte des bienfaits, des coûts
et des risques ni de ces lois ni d’une intégration plus profonde de l’Europe.
Dire qu’ils agissent au nom du peuple serait de mauvaise foi. Il y a eu
plusieurs référendums où le peuple avait exprimé son ‘non’ et pourtant la
classe dirigeante a continué. Comme dirait Juncker : "If it's a Yes, we will say 'on we go', and
if it's a No we will say 'we continue'"[3].
L’Union Européenne est tellement devenue une
religion qu’elle se sent obligée de faire des croisades. La civilisation et la
culture européenne sont les meilleurs et donc il faut l’imposer un peu partout
dans le monde. C’est pour cela qu’on se sent légitime de renverser les
dictateurs aux Moyen-Orient et en Afrique. L’autorité d’un état domestique ne
se soucie plus des problèmes de l’intérieur du pays, ne soucie plus la classe
sociale dans le pays domestique mais veut aussi exercer une autorité sur
d’autres sociétés ou le lien est encore plus petit.
Le deuxième problème est que l’état est
devenu un objet privé. La classe gouvernante s’est approprié et s’est saisi de
l’état pour en faire un but. L’état n’est plus un outil mais un but précis.
L’état pour l’état. La dernière n’agit plus pour le bien commun au nom du
peuple mais essaie de tenir le système en place. C’est une forme d’oligarchie
non pas basée sur le savoir – comme le voulait Hegel - mais sur la famille.
Autant la bourgeoisie plaçait ses pions autant la famille politique, la
sphère politique essaie de faire élire ses amis.
A côté de cela la politique arrange la
société comme bon lui semble, elle l’arrange d’après ses souhaits. L’état est
toujours plus présent dans des domaines sociaux et économiques. Sur le plan
économique, l’état veut toujours plus, impose toujours plus les travailleurs,
crée des lois pour tenir le système en
place et s’approprie les biens des autres au nom du peuple. Sur le domaine
social elle définit l’existence des hommes non seulement à partir du travail
mais aussi à partir de la religion et de l’orientation sexuel. Elle crée la
division pour mieux régner après.
Je viens d’évoquer un court descriptif sur
les rapports sociaux, la formation d’un état et les deux problèmes qui sont
liés avec. Mais pourquoi tout ceci est une menace pour le système financier,
notre sujet principal ? Le système financier dépend de l’état, de la politique
et de l’environnement dans lequel il opère. Aujourd’hui, il n’y a plus de
besoins. Les travailleurs travaillent pour travailleur, plus pour un besoin de
se loger, de se nourrir. Il n’y a plus d’épanouissement personnel non plus.
Comment un travailleur qui travaille à la chaîne dans une usine peut se
développer ? Aujourd’hui, la classe dirigée aimerait aussi avoir plus
de temps libre, plus de temps pour soi, pour s’épanouir que ce soit des
mains ou de la tête. La prise de conscience de son état par cette classe peut
être un danger pour le système financier.
Nous le voyons aujourd’hui. Il y a des
manifestations en France et en Belgique contre les décisions de la politique et
de l’état. En France, la société civile manifeste contre le projet de loi pour
la libéralisation du marché de travail. Il y a aussi le mouvement #NuitDebout,
qui veut reconnecter la société avec la politique. Elle veut que les gens, que
la société soit plus impliquée dans les décisions politiques. Le peuple prend
conscience de sa position dans la société. Elle travaille et les impôts la
ciblent uniquement. Les grands, les gens au-dessus des lois arrivent à éviter
ces lois et ces impôts. Elle prend conscience qu’elle travaille alors qu’elle
n’en a pas vraiment besoin. Elle sait se nourrir et se loger. Le travail est
devenu un but. Le travail donne une position dans la société. Le travail définit
une personne dans la société actuelle. Le prise de conscience est là. Elle
voudra que ça change, mais en même temps elle ne sait pas très bien comment il
faut changer. Un symptôme de ce souhait de changement est l’émergence des
partis de droite extrême en Europe.
Toute possession et tout changement de
possession dans l’histoire sont passés par la violence et non par un décret ou
une loi. Toute révolution dans le passé s’est passé par la violence. On peut
évoquer les révolutions françaises de 1789, 1830 et 1848. On pourrait aussi
évoquer la commune de Paris de 1871 qui était le ‘premier état marxiste’. C’est
le premier état où les producteurs, où les travailleurs organisaient la
production. C’est le premier état où d’après Marx le social avait pris la place
de la politique. Or la cet ‘état’ est seulement resté en place pendant quelques
mois et tout s’est terminé dans le sang. Chaque révolution fait des dégâts.
Chaque nouvelle forme d’état change la société et la politique.
Donc en premier lieu, il peut y avoir une
prise de pouvoir par des partis non-traditionnels ou il pourrait y avoir une
guerre civile. Cette prise de pouvoir pourrait mener des politiques qui iraient
à l’encontre de la mondialisation, du système financier et des multinationales.
Ces partis pourraient aussi prendre la décision de plus repayer ses dettes.
Toutes ces mesures pourraient engendrer la
faillite d’un pays. Les obligations d’état détenues par les banques
commerciales pourraient donc ne plus rien valoir, le pays souverain pourrait
avoir des problèmes pour emprunter de l’argent frais pour mener sa politique.
Les banques perdraient une partie des actifs qu’elles ont. Ces pertes seraient prises
sur le capital propre et elles auront donc besoin de nouveaux capitaux. Une
crise de banque en résulte avec une spirale infernale. Les citoyens reprendront
tous leurs avoirs des banques et ceux-ci seront encore plus asséchées. Où
trouver de l’argent frais ? Augmenter les impôts ? Couper dans les
dépenses ? On n’arrive déjà pas à le faire aujourd’hui après une petite
crise. Comment se passera demain ?
La sortie de l’Euro (proposé par certains
partis dits proche du peuple) peut résulter dans un tout autre scenario. Elle
peut engendrer une hyperinflation et une forte dévaluation de la nouvelle
monnaie nationale. A côté de cela, les prix des biens seront plus chers ce qui
résulterait en une basse du pouvoir d’achat des consommateurs. Une baisse
d’achat veut dire encore une moins forte demande. Et dire que c’est déjà cette
demande qui manque en Europe. La dette publique aussi sera ingérable. D’un côté
il peut y avoir l’hyperinflation mais de l’autre la monnaie. Si on retourne à
une monnaie souveraine, l’état devra repayer ses dettes en euros. Comme la
chance est grande qu’il y a une très grande dévaluation la charge de la dette
sera plus lourde.
Le retour au souverainisme et le retour au
local, la destruction de la mondialisation pourraient détruire certains revenus
des banques commerciales. Si demain les banques ne peuvent plus investir dans
des pays avec des hauts rendements, elles seraient contraintes d’investir en
Europe où les intérêts sont très bas et où il n’y a pas d’inflation. On
pourrait aussi voir le retour de certains produits toxiques pour revoir
apparaître des gains.
En second lieu, le commencement d’une guerre
aussi improbable qu’elle soit, peut engendrer les mêmes effets qu’expliqué
auparavant. Elle peut engendrer une spirale infernale de dévaluation des
obligations d’état et une destruction de capital. Si nous allons moins fort
dans nos termes, on pourrait parler de la maladie des manifestations et des
grèves. Une grève d’une longue durée ou d’une durée illimitée pourrait avoir
des conséquences catastrophiques. Les entreprises pourraient d’un jour au
lendemain décider de ne plus investir dans le pays, ils pourraient décider de reporter
les investissements. Ceci pourrait faire augmenter le chômage. Les
manifestants peuvent aussi détruire des usines ou du capital. Ils peuvent aussi
bloquer l’accès à des raffineries par exemple. Les conséquences économiques
seraient énormes et catastrophiques. Les marchés financiers pourraient aussi
fermer le robinet. Les taux d’intérêts monteraient à des taux énormes et le
financement de nouvelles dépenses seraient impossibles.
Pour résumer, on pourrait dire que le danger
à très très long terme – soyons bien clair : ce n’est pas pour demain –
c’est que les manifestations de #NuitDebout en France - la prise de conscience
- veulent aller plus loin et vraiment faire la révolution pour se faire
entendre et pour que le sociale – ce qui réelle – prenne sa place dans le
politique. Il y aurait un renversement de l’Etat et une faillite de l’état qui
a son tour résulterait en une faillite des banques. Dans la zone Euro les
banques sont très vulnérables aux obligations d’état. En plus, tout cela reste
des suppositions. Chaque personne peut voir les choses différemment. L’économie
n’est pas une science exacte. Ne l’oublions pas.
Le
consumérisme
Le consumérisme est la deuxième vulnérabilité
que je vois pour le système financier européen. Notre modèle économique est
basé sur la production est donc sur la consommation. Ce qu’on produit, on
consomme. Pour pouvoir plus consommer on emprunte de l’argent aux banques. Plus
on consomme plus de croissance PIB il y a. Mais il y a plusieurs dangers :
la limite des ressources naturelles, la croissance éternelle impossible et le
cercle vicieux de la dette. Les dangers sont expliqués plus en détail dans les
prochains paragraphes.
Il n'y a pas une telle chose comme une
économie qui existe sans que le monde physique. Dans le monde économique,
l’idée délirante circule que les marchés sont séparés du monde physique et de
la nature. Pour produire des biens il faut utiliser des ressources naturelles
qui sont limitées. Nous assistons aux conséquences des extinctions de masse, la
perte de la couche arable, le changement climatique, l’effondrement de stocks
de poissons dans l'océan mondial, l'élévation du niveau de la pollution, et
plus encore. Le nombre d’hectares de forêts, le stock des poissons diminuent. La
plupart de la nourriture que l’homme produit est utilisé pour le nourrissage
des animaux, que nous les hommes, allons manger. On est arrivé un stade où nous
consommons plus, nous produisons plus de ce que la planète peut supporter.
D’après le WWF, nous consommons chaque année l’équivalant des ressources d’une
planète et demie[4].
80% de la déforestation est due à l’agriculture, 90% des stocks de poisson sont
exploitées à leur maximum ou surexploités. La forêt a déjà perdu 17% de ses
arbres ou l’équivalant de 373 296 mètres carrés en 50 ans. Les déchets en mer
sont aussi grands qu’un continent qu’on l’appelle le septième continent. Ce
sont des chiffres effrayants.
Le jour où il n’y aura plus de ressources
nous ne pourrons plus produire. Et qui dit plus de production dit plus de
croissance économique et peut-être même décroissance économique. L’homme a
toujours trouvé de nouveaux moyens, il a toujours trouvé un moyen pour se
renouveler. Mais supposons que cette fois-ci c’est différent, que cette fois on
est arrivé dans un nouvel environnement. Nous sommes déjà dans un environnement
avec des intérêts super bas sans inflation. Déjà il n’y a pas de demande mais
si en plus il n’y a plus d’offre on arrive dans un tout nouvel environnement.
Cela veut dire que les banques centrales devront trouver encore de nouveaux
moyens pour revoir apparaître l’inflation. Mais est-ce vraiment
souhaitable ? On peut conclure qu’une perte de l’offre créera un tout
nouvel environnement qu’on ne connaît pas, un environnement avec encore moins
de croissance.
En deuxième lieu, nous avons l’impossibilité
de la croissance et de gains de productivités éternels, qui est étroitement
liée avec le danger précédent. D’après le modèle de Solow il y a deux
paramètres qui permettent d’avoir une croissance : une population
croissante et des avancées technologiques. Il y a non seulement la limite des
ressources mais il y a aussi une limite sur la population. En Europe nous
connaissons une population stagnante qui veut dire une diminution de la demande.
Pour compenser cette diminution de population les hommes d’aujourd’hui devrait
consommer chaque année plus ce qui n’est pas possible. Pour juste faire un lien
avec le problème des ressources limitées : nous sommes déjà sept milliards
sur Terre. La Terre ne supporterait pas que le nombre d’humains augmente encore
et encore.
Nous venons de discuter le premier paramètre du
modèle de Solow– la population -, passons aux deuxième qui est les avancées
technologiques. Ces avancées permettent d’après le model d’arriver à une plus
grande accumulation de capitaux et donc à une croissance économique. L’accumulation
de capitaux est la dynamique qui motive la recherche du profit, impliquant
l'investissement dans le but d'augmenter la valeur monétaire initiale. C’est
comme un rendement financier. Le processus d'accumulation du capital constitue
la base du capitalisme. Les gains en productivité sont réalisés lorsque le
rapport du volume de sa production et du volume des moyens mis en œuvre pour
l'obtenir augmente et extraient la richesse des consommateurs aux producteurs
qui à leur tour peuvent augmenter les investissements. Cette augmentation
d’investissement permet l’embaucher plus de gens. A côté de cela, le prix des
biens et services diminuent et donc la demande augmente.
Or cette fois-ci c’est différent. Cette
fois-ci les gains de productivité et les avancées technologiques ne
bénéficieront pas à la croissance économique. Le premier problème à mon sens
est le fait qu’on oublie qu’un travailleur est un pouvoir d’achat. Dans notre
système économique actuel nous avons tendance à remplacer les humains par des
machines. Ceci est tout-à-fait compréhensible. Une machine tourne tous les
jours de la semaine et toutes les heurs de la journée, elle ne fait jamais la
grève et elle permet de produire plus, beaucoup plus. Quand on produit plus
avec moins de recoures on dit qu’on gagne en productivité. Ou je veux en venir
c’est qu’un humain est un pouvoir d’achat. On peut beau produire des biens et
des biens mais si toute une société est au chômage il n’y a pas de demande pour
ces produits. Si toute une société n’a pas de revenu, ils n’ont pas les moyens
d’acheter les biens produits. Le deuxième problème est que ce qu'on appelle «
coût marginal » par les économistes, la différence entre combien il en coûte
pour produire quelque chose et ce que les gens sont disposés ou en mesure de
payer pour cela, est proche de zéro maintenant. Nous sommes passés du cheval sur
les champs au tracteur, nous sommés passés d’une hache dans les forêts à une
tronçonneuse, nous sommes passés de 10.000 personnes dans les usines à 10
machines. Le coût pour avoir encore une tel grande avancée technologique est
énorme. Le coût est trop grand pour ce que les gens sont prêts à y payer.
La spirale infernale de la dette est le
troisième danger. Les banques prêtes de l’argent aux acteurs de la société pour
consommer plus. Avoir un emprunt permet de consommer maintenant avec de
l’argent qu’on aura plus tard. La dette fait effet de levier. Elle permet par
un tour de magie d’avoir plus de capital. La dette est donc une demande
artificielle pour des biens et des services. La BCE essaie par tous les moyens
de relancer cette dette. Elle essaie par tous les moyens d’inciter les banques
commerciales à emprunter plus aux ménages et entreprises. Ce que la BCE veut en
somme c’est que les gens, les acteurs de la société accumulent de la dette pour
acheter des produits. En donner pratiquement de l’argent gratuite elle crée
artificiellement de la demande.
Le problème c’est que les gens ne sont pas
intéressés à acheter des produits qu’ils n’ont pas besoin avec de l’argent qu’ils
n’ont pas. Ils savent qu’un jour il faudra repayer ces dettes, ils savent
emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent et ils savent qu’emprunter de la
dette comporte des risques.
En théorie, il faudra repayer cette dette un
jour. Mais on peut aussi prendre un nouvel emprunt pour repayer sa dette, ce
que les états en Europe savent très bien faire. Au fond, la dette n’est jamais
repayée. Elle est juste un poids pour la prochaine génération. Il n’y aura
jamais de baisse d’impôts parce qu’il y a dette. Donc en somme, les états ne
doivent pas repayer leurs dettes. Mais quid des ménages ? Peuvent-elles
aussi supposer qu’elles ne doivent jamais repayer leurs dettes ? Est-ce
que notre modèle économique peut supporter le fait qu’il ne faille jamais
repayer ses dettes ?
Supposons que la BCE a trouvé LE truc pour
relancer l’économie et supposons que les ménages ont accumulé de la dette et
qu’ils acheter massivement des produits. Supposons aussi qu’un jour il faudra
repayer ses dettes. Cela veut dire que LE truc inventé par la BCE pourra
fonctionner qu’une seule fois. Premièrement après quelques années plus tard,
les acteurs épargneront pour ne pas avoir une trop lourde charge, pour ne pas
payer trop d’intérêts tous les mois. Deuxièmement, une fois acheté les
produits, ils les ont. Peut-on encore supposer que le prochaine fois – quand la
demande sera très basse et que le BCE relance LE truc – les ménages
emprunteront encore pour acheter encore d’autres produits ? Encore pour
des objets dont au fond elles n’ont pas besoin ? Donc concluons :
d’un côté les acteurs économiques devront un jour où l’autre diminuer leurs
dépenses pour repayer leurs dettes et de l’autre on ne peut pas supposer que
ces mêmes acteurs veulent toujours plus de biens et toujours plus d’objet. Nous
sommes déjà une société de grosse consommation et nous devons avouer que nous
ne manquons de rien, en terme matérialiste.
Le consumérisme est donc une menace à très
long terme. Nous ne pouvons et nous ne savons pas continuer à consommer
toujours plus et plus. Qu’allons-nous faire quand il y aura plus de ressources
naturelles pour produire les biens qu’au fond nous n’avons pas besoin ?
Pouvons-nous encore gagner des unités entières de gain de productivité ? Pouvons-nous
supporter toujours une dette plus haute ? Comme je l’ai dit dans la
section précédente, nous ne travaillons plus pour le besoin mais par but
d’avoir plus de biens. Nous sommes une société de consommation. Nous n’avons
plus de valeurs dans ce monde. Le seul refuge qu’on a trouvé ce sont les biens
que nous achetons en masse. Il explique très bien le phénomène dans le film
Fight Club : « We're consumers. We are the byproducts of a lifestyle obsession. Murder, crime, poverty,
these things don't concern me. What concerns me are celebrity magazines,
television with 500 channels, some guy's name on my underwear. Rogaine, Viagra, Olestra». Le
jour où les gens prendront conscience de tous ces dangers, le jour ou le peuple
prendre conscience de sa position dans la société, le jour où la société
cherchera d’autres valeurs le système financier sera menacé. Nous arriverons
dès lors dans un nouvel environnement avec des autres règles de jeu.
Conclusion
J’ai choisi d’élaborer deux grandes
menaces : le système capitaliste et le consumérisme. J’aurais pu parler de
beaucoup d’autres comme les inégalités entre le classe travaillante et la
classe dirigeante. J’aurais aussi pu plus élaborer le spiritualisme
européen.
Avant de terminer cet essai, je voudrais
préciser que mon intention n’était pas de dire que tout est foutu et que le
monde n’est que noir. J’ai juste voulu prendre une autre approche en parler des
menaces du système financier européen. J’ai voulu prendre une approche
différente qui va plus au cœur du système et plus loin dans le temps.
Evidemment, le capitalisme ne s’effondra pas demain, évidemment on découvre
tous les jours de nouvelles façons pour relancer l’économie. J’ai voulu
démontrer qu’on ne devrait pas prendre le système capitaliste – quoi que ça
signifie – comme acquis. Derrière les chiffres il y a une société composée d’hommes
et de femmes avec chacun une histoire. Ce sont ces hommes et ces femmes qui
feront la société et la politique de demain. L’Histoire a démontré plusieurs
fois qu’un renversement de régime est possible. L’Histoire a démontré que le
changement radical est possible. L’Histoire a démontré qu’on peut changer de
système. L’Histoire a bien tué le Roi une fois. Aucune raison de croire que les
temps ont changé. Mais n’importe quel changement de système met toujours en
danger les institutions politiques et économique en danger, non seulement par
incapacité d’adaptation ou par démolition par la société. Ces institutions
n’aiment pas le changement tandis que la classe gouvernée – qui que ce soit –
aime un renversement, un retournement de médaille.
La question est posée :
« Quand ? ».
Répondre « Jamais ! » serait
de très mauvaise foi.
[1] Référence à
Nietzsche : révolution nihiliste
[2] Adam Smith - An
Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations
[3] BBC World News -
Profile: EU's Jean-Claude Juncker -
http://www.bbc.com/news/world-europe-27679170
[4] WWF France – Initiative de
transformation des marchés - http://awsassets.wwfffr.panda.org/downloads /20161804_kit_mti_bd.pdf
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