Réflexions sur la question du terrorisme


“Qui est l’ennemi ?” se titre le dernier livre du ministre français de la Défense Jean-Yves le Drian. Après avoir expliqué les différents « types » d’ennemi qu’une nation peut avoir il nous décrit les caractéristiques d’un état totalitaire pour ensuite passer à comment combattre cet ennemi.

Pour parler d’état totalitaire le Ministre prend la définition de Raymond Aron. Un état totalitaire est un « état » avec un chef charismatique avec une idéologie génocidaire fondée sur l’éradication d’un ennemi qui a le monopole des violences sur son territoire. Une terreur policière et militarisée et une soumission à l’idéologie sont présentes. Le groupe terroriste Etat Islamique rentre donc clairement dans cette catégorie. Le plus important ici, d’après moi c’est la soumission à l’idéologie. Le groupe terroriste a clairement cette idéologie qui est une forme d’Islam et a pour but l'instauration de la Sharia non seulement dans le Moyen-Orient mais aussi dans l’Occident. La violence est légitimée et nécessaire pour mettre tout le monde d’accord et pour soumettre tous les citoyens du territoire à cette idéologie. L’ennemi est clairement désigné – les mécréants et les impures de l’Islam – doivent être éliminé ou doivent se soumettre au groupe, à l’idéologie.

Ce groupe terroriste nous menace sur notre territoire et parce qu’un état, une nation a l’obligation de défendre ses citoyens contre les envahissements et contre les ennemis, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Nous devons, toujours d’après le Ministre, utilisé notre force, nos moyens militaires pour combattre cet ennemi en Syrie et en Irak mais nous devons aussi combattre cet idéologie. Nous devons reconvertir les personnes radicalisées, les soumettre à la vérité et nous devons les invoquer les vraies valeurs et les valeurs de liberté et de droits de l’homme.

Or, c’est là que cela coince. Nous sommes clairement une victime – ne mettons pas cela en doute – mais nous nous transformons en bourreau. Un état, ici la France veut reconquérir ses citoyens par l’idéologie et la France veut sécuriser sa position dominante avec des attaques ciblées sur les terroristes dans les territoires occupés. Dans ce cas précis, nous disons en tant qu’état que notre idéologie vaut plus que celle du groupe terroriste état islamique et nous disons que c’est nous qui détenons la vérité.

Le premier problème est donc que nous disons que notre idéologie est supérieure. En Europe, notre Dieu c’est la convention des droits de l’homme. L’Etat Islamique ne respecte clairement pas ces droits-là. Nous pouvons dire cette idéologie, nous en voulons pas dans notre nation. La nation est bâtie sur cette convention. Ne pas les respecter est un crime. Mais qui à l’extérieur des frontières. Certains citoyens de la nation sont partis du territoire pour combattre l’idéologie de la nation et adhèrent à l’idéologie du groupe terroriste. Un crime a été commis et le citoyen en théorie ne fait plus partie de la nation – pas dans le sens juridique du terme mais dans le sens philosophique ou faire partie d’une nation veut dire que chaque citoyen de la nation veut continuer à honorer l’héritage du passé et à perpétuer le présent. Le groupe terroriste, qui viole clairement les territoires d’autres nations a bâti son « état » sur une autre idéologie. C’est à l’extérieur des frontières de la France en tant que nation. Devons-nous donc combattre l’idéologie au Moyen-Orient et partout dans le monde en désignant clairement un ennemi – l’Islam radical – pour le combattre et pour soumettre les citoyens du territoire à notre idéologie ? Cela ne nous met pas au même niveau de bourreau que les groupes terroristes ?

Même dans une nation il y a différentes idéologies ; il peut y avoir les communistes, les libéraux, etc. Pourquoi désignerait-on seulement une seule idéologie à combattre ? Dans le passé, pendant la guerre froide les états avaient désigné le communisme comme ennemi à éliminer, mais une fois cette guerre finie elle n’était plus combattue. A partir de quand faut-il combattre une idéologie par l’idéologie de l’état ? Quand elles sont incompatibles ? Clairement que non. Le communisme n’est pas compatible avec le capitalisme et pourtant le PCF existe toujours et légalement en France. Quand celle-ci devient un danger pour la nation ou pour les citoyens ? Clairement que non. Le communisme est un danger pour l’état actuel. Quand celle-ci prend une forme de violence et a déclaré la nation même en tant qu’ennemi ? Ceci pourrait être une piste. Les méthodes pour la combattre se posent alors. La victime doit elle aussi utiliser une forme de violence pour premièrement tuer l’ennemi et deuxièmement faire soumettre les citoyens à l’idéologie d’état ?

Le deuxième problème, toujours au sens philosophique et non pas juridique est le fait que nous violons la souveraineté des autres états. Nous bombardons la Syrie et l’Irak parce que l’ennemi désigné se trouve dans ces terres-là. Nous voulons donc clairement la destruction de l’ennemi. L’état nazi et l’état communiste de l’URSS pendant la guerre, qui sont deux états totalitaires avaient désigné l’ennemi et l’avaient détruit de l’intérieur pour après envahir d’autres pays et le détruire là-bas. La France et les autres pays d’Europe ne font-ils pas la même chose, aujourd’hui ? Les méthodes ne sont clairement pas les mêmes. Dans le premier cas de figure des camps avaient été utilisés et les victimes étaient bien plus nombreuses. L’ennemi était objectif et était considéré comme dangereux par le régime mis en place. Si ils étaient vraiment dangereux on peut en douter. L’ennemi était ensuite envoyé dans des camps pour être exterminé. Dans chaque pays envahi le même processus était utilisé. Dans le second cas de figure, l’ennemi est clairement un ennemi. Celui-ci, en effet a déclaré la guerre et veut clairement la disparition de mode de vivre de l’Occident et veut voir la nation sombrer puis mourir. L’ennemi est donc désigné pour être détruit après. Le nombre est plus petit que dans le premier cas de figure et la mort est simplement souhaitée ici. La destruction à l’intérieur comme à l’extérieur se passe en même temps parce que les combattants à l’extérieur sont susceptibles de revenir à l’intérieur du pays. Les pays d’Europe sont contraints de violer la souveraineté des pays du Moyen-Orient parce que ceux-ci sont tellement dans le chaos et tellement déstabilisés qu’ils ne parviennent pas à combattre cet ennemi commun.

Maintenant de l’autre côté, l’Europe et l’Union européenne et tous les autres pays de l’Occident n’ont pas une idéologie génocidaire. Ils ne veulent pas tuer pour tuer mais veulent se défendre. Une nation a l’obligation de défendre ses citoyens qui sont en danger avec les attenants. Pour les protéger la nation doit éliminer l’ennemi. L’ennemi n’est pas ennemi parce qu’il fait partie d’une communauté, d’une race, d’une religion ou d’une nationalité mais parce qu’il veut la fin de la nation même. Combattre les personnes qui sont à l’intérieur et qui veulent voir la mort de certains est donc une obligation. Mais on dépasse vite la ligne de légitime défense. Nous dépassons vite la ligne pour imposer une idéologie, qui à nos yeux est supérieurs aux autres. Peut-être qu’il faudra plutôt apprendre les citoyens à réfléchir d’une façon autonome, apprendre à apprendre, apprendre à voir plusieurs points de vus et apprendre à s’informer.

Ces textes sont quelques réflexions sur papier. Je suis conscient que c’est loin d’être fini et j’essaierai de continuer à écrire et à réfléchir au fur et à mesure. Des réactions et des commentaires sont toujours les bienvenus. 

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