Le capitalisme, ennemi de la créativité
La créativité est peut-être la chose la plus importante dans notre monde. Avec l’Art elle transcende notre existence sur terre, elle permet de faire face à l’absurdité de Camus. L’Art n’est pas possible sans créativité et sans imagination. Le capitalisme a complètement détruit la créativité individuelle alors qu’elle est essentielle. Toute notre vie, nous avons appris à reproduire purement et simplement les choses sans réfléchir, nous avons appris à obéir, tout simplement à faire les choses sans demander pourquoi, ni dans quel but. Ce texte commencera à notre approche du travail. Notre approche de la liberté viendra en deuxième lieu. En dernier lieu, j’expliquerai mon concept de la créativité pour ensuite expliquer pourquoi le capitalisme est une arme à destruction massive qu’il fait redouter.
Notre approche du travail
Nous définissons notre vie par rapport à
notre travail, notre CDI, notre ‘passion’ de se lever le matin de semaine pour
aller passer son temps à créer de la valeur et de la richesse. Cela devient le
point central de notre existence, la chose la plus importante. L’homme
s’identifie à son travail. Son travail et lui font un. Rencontrant une nouvelle
personne, la première chose qu’on demande c’est ce que cette personne
« fait dans la vie ». Avec cela, nous espérons connaître les études
de cet être, son métier et son statut social pour après porter un jugement
moral. Dire qu’on est dépressif et qu’on est au chômage serait très mal vu. Le
plus important pour notre société est de non seulement avoir un travail mais
aussi d’avoir un vrai travail.
Ce travail nous définit nous-même, notre
vie et notre vision sur les choses de la vie pour plusieurs raisons que je vais
tenter d’expliquer. Nous allons passer le plus de temps de notre vie à faire ce
travail, pendant quarante ans et pendant huit heures par jour. D’autres feront encore
plus parce que « Why not ? ». Après cela, il y a encore les
embouteillages, les enfants, le ménage, les courses, les factures à payer, les
imprévus, la chaudière qui clampse etc. On ne passera donc pas beaucoup de
temps à faire quelque chose d’autre,
quelque chose qui nous plait vraiment. L’Homme a besoin de se reposer et de
dormir aussi. Il ne peut pas être en action vingt-quatre heures sur
vingt-quatre et sept jour sur sept. C’est donc logique quand quelqu’un nous
pose la question de ce qu’on fait dans la vie, nous allons parler de notre
travail, de notre métier vu que cela prend le plus de notre temps ; parce
que c’est notre projet.
Dépendant du travail qu’on fait un
apprentissage continuel est requis ; le médecin doit apprendre les
nouveaux remèdes, l’actuaire doit apprendre les nouvelles méthodes de calcul,
l’avocat doit apprendre les nouvelles réglementations, etc. Il fait toujours plus apprendre plus et
connaître plus pour pouvoir faire encore mieux son travail ou son passe-temps
favori. Il faut être au courant de temps et si possible devenir un technerd. Ce
dernier terme désigne une personne qui connaît que son domaine. Il ne connait
rien d’autre et il ne veut rien connaître rien d’autre. Les autres choses ne
lui apporteront rien.
Sur ce lieu de travail, où l’on est obligé
de rester physiquement, nous allons en plus rencontrer un tas de gens, que ce
soit nos collègues, nos clients ou nos contrôleurs fiscaux. Ces gens auront bien
sûr une influence sur nous. Chaque personne qu’on côtoie dans notre vie a une
influence sur nous, visible ou non-visible, voulue ou non-voulue. Souvent on rencontrera
des gens qui pensent comme nous car ils ont fait les mêmes écoles et les mêmes
études que nous ; ou justement parce qu’ils n’ont jamais réussi à passer
le BAC. Ainsi on pensera détenir la vérité universelle. Avec cette vérité, on
essaiera de dominer le monde, on essaiera d’imposer sa vérité sur les autres,
on se sentira mieux que les autres. Le mépris des autres, dans ce cas est
alors autorisé.
Cela est très logique dans le sens que
l’ouvrier chez Arcelor Mittal n’aura pas la même vision du monde que le chef de
la salle de marché chez Société Générale. Ils se méprisent l’un l’autre. L’un
voudra tuer les patrons pour passer à la lutte tandis que l’autre aimera un
ultra libéralisme plus poussé pour pouvoir augmenter ses petits privilèges, que
même Louis XIV n’a jamais eu.
Nos glorifions le temps de travail comme un
Dieu. Les trente-cinq ou les trente-huit heures. C’est l’idéal pour notre
économie. Nous pensons être productifs huit heures par jour, productifs pour
créer de la richesse. Un jour, le socialisme est venu pour réclamer une
diminution des heures et voilà que tous les libéraux de ce monde le défendent
bec et ongle. Mais à côté de cela, un mi-temps est seulement justifié pour
avoir des gosses. L’individu masculin et jeune qui voudrait gagner un peu
d’argent mais avoir d’autres projets à côté est très mal vu. C’est un
paresseux, c’est un jeune de la génération Y qui ne veut pas travailler, un
putain de bobo de gauche.
La liberté
Dans le paragraphe précédent, j’ai expliqué
pourquoi le travail nous définit en tant que personne. J’aimerais aussi évoquer
la liberté qu’on a en dehors du travail, la liberté qu’on aime pas. On passe
beaucoup du temps devant notre écran d’ordinateur, sur notre lieu de travail
parce que les choses sont bien définies. On a toujours un supérieur qui nous
dit ce qu’on doit faire, la société nous dicte les trente-huit ou les trente-cinq
heures. Une fois le travail quitté, une fois la journée finie il faut s’occuper
tout seul. Il n’y a plus personne pour dire ce qu’on doit faire. Il faut faire
face à l’ennui, au non-sens de la vie. Le travail est donc une valeur de
refuge. On le veut ce putain de travail.
On ne veut pas être libre, l’homme a
horreur de la liberté. Quand l’Homme a la liberté il doit se créer des valeurs
lui-même. Une fois dehors, agressé par l’ennuie nous nous refugions devant
Cyril Hanouna qui passe en boucle à la télé, nous nous réfugions dans nos
selfies sur Instagram. Au plus de likes au plus d’approbation par les autres.
L’image de nous qu’on enverra au monde sera la bonne. Quelqu’un doit approuver
notre vie, notre image, nos faits et gestes.
Hanouna nous permet de tuer la pensée, d’arrêter
de réfléchir ; le meurtre de toute pensée ou de toute créativité par la
bêtise humaine. Arme redoutable pour calmer le peuple et pour tuer toute valeur
ou morale qui reste. Humiliations sont au menu quotidiennement. Tout se vaut,
rien ne se vaut.
Toute chose en dehors du travail et tout
acte qui ne conduit pas à la jouissance pleine de la vie idéale sociétale est
inutile. Tout se vaut, rien se vaut. Chaque
seconde doit être vécue pleinement et consommé tout de suite. Il ne faut pas
perdre aucune petite seconde de notre existence ici sur terre. Une fois sorti
du travail il faut se bourrer la gueule, il fait baiser toutes les meufs qu’on
peut. La création de transcendance n’est pas nécessaire. Il faut faire les
choses les plus folles ; il faut avoir vécu le plus de choses possibles.
La semaine est dictée par la passion du
travail, le week-end il faut jouir pleinement. Il faut prouver que tu
existes ; il faut prouver que tu es une personne qui vit ; il faut
prouver que ta vie est intense. Les choses actives sont dans le camps du Bien.
Le Mal est les choses passives.
L’homme se réfugie dans le Bien. L’ennuie
peut donc être tué par le travail. L’approbation des autres est là. Dans le peu
de temps qu’il reste la Société enseigne qu’on peut tuer la condition humaine
ou l’ennuie par les choses actives ou les activités.
La créativité
Avant de détailler pourquoi le capitalisme
détruit notre créativité et notre imagination il faudrait d’abord expliquer à
quoi sert la créativité. Un monde sans créativité est-ce grave ? Un monde
sans Art, est-ce grave ? Un monde sans culture est-ce grave ? Un
monde sans travail, est-ce grave ? Un monde sans créativité est équivalant
à un monde sans Art, sans Littérature, sans Architecture, sans Cinéma, sans
Musique. Un monde sans travail est-il un
monde sans richesse ?
Un monde sans culture est la défaite de la
pensée et le conformise. La culture nous permet toujours de remettre le
processus de la pensée en route. Elle nous permet de réfléchir à nos actes.
Elle nous donne accès à notre connaissance du monde et de nous-même.
Un monde sans culture nous éloigne de notre
condition humaine. Nous sommes nés pour mourir. La culture permet de
transcender notre existence sur Terre. Prendre conscience du non-sens de la
vie, de l’absurdité du monde et d’y faire face. Voici le travail d’une vie.
L’Art, la Littérature, la Musique et le Cinéma donnes des sensations beaucoup
plus fort que les plaisirs physiques. Se sentir en vie, avec les émotions, les
sentiments qu’ils nous procurent. La transcendance passe par le cœur ;
frappe le cœur en plein milieu. Ouvrir sons cœur pour pouvoir absorber cette
essence de la vie.
Alors oui, on peut dire que la culture ne
sert à rien. Elle produit aucune richesse. Elle ne crée ni de la nourriture qu’on
pourra manger, ni un médicament ou l’on pourra sauver toute l’Humanité. Même
une transcendance n’est pas nécessaire. On peut très bien vivre sans rien, dans
un nihilisme permanant. Tout ce qu’on créera sera détruit, tout ce qu’on fera,
sera oublié, tout ce qu’on composera sera perdu dans le grand néant. Avec ou
sans elle, on mourra.
Arme à destruction massive
Chaque être est différent, nous sommes tous
des individus avec un esprit. En absorbant le monde, notre esprit grandit de
jour en jour ; ils nous donnent des idées, des projets, des visions qui
peuvent se transformer en choses concrètes. Que ce soit des start-ups ou des
tableaux. Cela peut être juste beau ou juste utile. L’école et l’éducation
n’ont jamais aimé cette créativité ou les différences dans les modes de
pensées. Quand nous pensons autrement, ou quand nous pensons différemment, nous
sommes tout de suite réprimandés. Comme avec les mathématiques, il y a une
vérité, il y a une logique ; quelque chose est vrai ou ne l’est pas ;
c’est blanc ou noir ; le gris n’existe pas. Il ne faut pas mettre en
doute, en tant qu’enfant, ce qu’on reçoit de l’éducateur parce que les choses
sont faites ainsi. L’enfant qui ne recopie pas les lettres de l’alphabet au
crayon gris mais rouge sera vite grondé. L’enfant qui dessine un soleil vert
sera vite mis dans la cause « troubles psychiques ». Il fait préparer
l’individu non par pour affronter le monde ou la vraie vie mais pour les entreprises qui dominent ce monde. Il faut
préparer le chien de Pavlov, conditionner l’individu à rester assis et à faire
ce qu’on lui demande.
C’est la même chose avec l’employé qui est
devant son ordi de neuf à dix-sept heures. Sois assis, travail et tais-toi.
Toute ta vie, l’Homme est préparé à ça. De toute façon, il a un crédit à payer,
des enfants à soigner. Que ferait-il d’autre ? Pourquoi changer ?
Pourquoi refaire le monde ? Rien n’a de sens, rien ne vaut la peine. Nous
sommes méprisés par l’élite qui nous dirige ? Et alors ? Les rois
aussi dominaient leur peuple. Aujourd’hui, nous avons notre petit confort. Le
monde a préparé l’Homme a ce mode de penser. Il fait croire que la vie qu’on
mène est la meilleure puisque nous avons la paix, puisque nous pouvons acheter
tout ce que nous désirons, puisque nous pouvons baiser en paix, puisque la
Terre tourne ainsi, cela ne vaut pas la peine de se soulever. Et si cela ne va
pas, demain sera meilleur. Le progrès est là. Le Messie va venir.
Aujourd’hui, nous sommes des pions. Ils
peuvent nous déplacer comme dans un jeu d’échec. Faire bouger des mouvements de
population, faire dégénère une manifestation, faire monter les extrêmes. Il donne du divertissement via la télévision
pour distraire le peuple, pour donner du jeu. L’élite ou l’ordre étable est là
pour supprimer la masculinité de l’homme et pour canaliser sa violence, ce
besoin de cogner quelqu’un. Il donne des choses matérielles, pour qu’on ait
envie de rien d’autre. Acheter des choses c’est facile, il ne faut pas réfléchir.
Créer demande plus d’effort. L’Homme est vidé de sa substance. Il ne reste que
le corps. Il n’y a plus d’esprit. Il a été supprimé. Demain tu feras à la
chaîne ton travail, tu ne réfléchiras pas ; on te paie pour faire pas pour
réfléchir. De toute façon ce que tu penses c’est de la merde. Nous, qui avons
tous, nous, l’élite, nous savons ce qui est bon pour toi.
Conclusion
Travailleuses, travailleurs levez-vous !
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